Les bonjours et contacts journaliers du Mois de Septembre 2016

Il replaça son ceinturon et sa lampe torche, ajusta son arme de service et sa casquette. Avant de reprendre sa ronde, il glissa avec tendresse sa main dans la fourrure de Richie. Le Berger Allemand leva son museau humide vers son maître avec gratitude. Il trottinait à ses côtés depuis plus de deux heures avec le même enthousiasme. « C’est un bon chien ça. Oh oui c’est un bon chien ! » La gueule légèrement ouverte et la langue pendante, Paul aurait pu croire qu’il lui souriait. C’était un compagnon fidèle et rassurant dans le silence pesant du centre commercial. Les allées désertes contrastaient avec le tumulte quotidien, mais c’est ce qui plaisait à Paul. Ce qui lui convenait moins était l’absence. Celle de sa fille surtout. Depuis que son ex-femme en avait obtenu la garde exclusive, elle lui manquait terriblement. Son travail de nuit avait fait basculer le jugement : il était incapable de s’occuper raisonnablement d’une enfant de six ans. Décision irrévocable, le juge était une femme ! Depuis, il la voyait pendant ses congés. Une à deux semaines par an. Insuffisant. Injuste !

Big Ben fit de nouveau vibrer sa poche revolver. Un nouveau SMS. Le numéro de sa fille. Encore ! Mais cette fois, il n’hésita pas. Un seul texto, un seul mot : « Help ! ». Paul s’arrêta de marcher, interloqué. Le portable vibra de nouveau avec Big Ben et un second SMS. Une impulsion sur la touche O.K et les mots s’inscrivirent : « All you need is love ». La luminosité dans les allées était faible mais le rayonnement de l’écran accentuait ses traits ; l’incrédulité se lisait sur son visage. Il pensa un instant composer le numéro de sa fille, mais un troisième SMS s’annonça : « I need you... Save My Soul !». Si c’était un jeu, il n’était pas drôle ! Si c’était bien sa fille, que faisait-elle avec son téléphone à cette heure avancée de la nuit ? Il décida de l’appeler. Les voix étouffées des Beatles attaquèrent soudain un Penny Lane nasillard dans les allées du centre commercial désert.

Paul sursauta et Richie grogna en direction de l’allée centrale. La musique se tut. Paul, le portable collé à l’oreille, scrutait l’allée sans succès. Pourtant Richie s’agitait de plus belle. Il tirait sur sa laisse et montrait les dents. « Allo, Penny ? » Paul avait du mal à maîtriser son chien, il coinça maladroitement le portable avec son épaule et attrapa la laisse des deux mains. Il eut à peine le temps d’entendre une respiration haletante dans l’appareil avant qu’il ne glisse et disparaisse sur le lino sombre. Dans son mouvement anarchique pour le rattraper, il avait lâché Richie. Le chien se précipita dans l’allée avec un rugissement et disparu dans le noir. Paul entendit ses griffes marteler le sol un instant, puis plus rien, le silence.

Il dégaina prudemment son arme de service et sa lampe torche et s’avança le souffle suspendu. Le faisceau balayait l’espace devant lui. Soudain, un chuintement attira son attention dans la contre allée. Quelque chose avait bougé. Il allongea le pas pour gagner du terrain. Un nouveau chuintement le fit tressaillir. C’était tout près. Il braqua l’arme droit devant lui dans l’obscurité. Brusquement, une ombre apparut au croisement des allées. La voix de Paul résonna en écho dans les coursives : « Richie ?... Qui est là ? Montrez-vous les mains en l’air... Je vous préviens, je suis armé ! ». Une masse informe s’avança alors vers la lumière. Trois têtes s’étirèrent progressivement formant un amas disproportionné dont les six pattes griffues cliquetaient sur le lino. La silhouette grandit encore. Deux immenses appendices s’élevèrent jusqu’à atteindre les poutres de soutien du hall puis s’évanouirent subitement devant ses yeux.

Paul retint sa respiration. Il retira doucement son doigts de la gâchette et remis le cran d’arrêt avec précaution. Il montra son revolver en levant les mains avant de le poser sur le sol : « N’aie pas peur, tout va bien ! » À quelques mètres, escortée par Richie, sa fille avançait les bras en l’air. La tête élimée de son ours en peluche dépassait du sac à dos et tremblotait sous les sanglots de la fillette. Paul expira bruyamment avant de se précipiter vers elle. Avec soulagement, il la serra longuement contre lui : « Oh mon dieu Penny ! » De grosses larmes roulèrent sur ses joues quand elle plongea son regard délavé dans le sien. Alors, une petite voix chancelante résonna dans le silence pesant du centre commercial : « Tu... sais... tu me manquais trop Papa... alors... je suis venue ! ».

Une vache le fixait de son regard vide. Il devinait derrière elle ce qui devait être une ferme ou une grange. Un chien était allongé à ses côtés, immobile. Derrière lui il distinguait deux boules de poils, mais il ne pouvait pas déterminer de quelle espèce il s’agissait. Le sol tremblait.

Derrière les cris qui emplissaient sa tête il entendait des notes de musique, un piano certainement. Il n’y avait pas un souffle d’air. Le ciel était pur, et les étoiles entamèrent leur valse quotidienne, accompagnées de temps à autres du passage d’un oiseau nocturne. Au début il avait pensé à des vautours, attirés par les cris, mais au fil des jours, ou plutôt des nuits, il avait su les reconnaître. C’était des oiseaux migrateurs, de belles oies blanches, comme celles de Nils Holgersson.

Les cris s’espacèrent et diminuèrent d’intensité, comme si la vie abandonnait la pauvre créature qui en était à l’origine. Le sol continuait de trembler mais de moins en moins. Puis le grand calme. Seules deux petites lumières lointaines venaient percer l’obscurité qui recouvrait tout, y compris sa conscience.

Le hurlement recommença. Il avait les yeux grands ouverts. Il était toujours dans l’enclos.

La vache s’était déplacée et lui tournait le dos. Le chien était couché de travers, dans une position qui n’avait rien de confortable. Tout semblait avoir été dévasté par un tremblement de terre et la ferme était complètement renversée.

Derrière les cris qui emplissaient sa tête il entendait les mêmes notes de musique. Il n’y avait toujours pas de souffle d’air. Le ciel était blanc, mais on pouvait deviner la trace des étoiles qui suivaient leur course infinie. Les oies continuaient également leur ronde incessante et hypnotique.

Le sol trembla à nouveau et il savait que son tour était venu. Une main mal coordonnée s’agrippa à son membre inférieur et le traîna au sol sans qu’il ne puisse opposer la moindre résistance. Les cris cessèrent subitement, et une deuxième main le saisit et le souleva. La créature le secoua un peu, fit mine de l’écarteler, puis l’étreinte se relâcha et il tomba lourdement la tête la première sur un corps froid et mou qui émit un couinement. Un corps de girafe. Elle s'appelait Sophie.

ben, ils aiment les vaches en ce moment

1936 : décès de Jean-Baptiste Charcot, explorateur français.
Jean-Baptiste Étienne Auguste Charcot est un médecin et explorateur français des zones polaires. dans l'île de la Cité, le Trésor étant gardé à la Tour du Temple.
1959 : le Général De Gaulle offre le droit à l'autodétermination de l'Algérie.
Lors d'un discours télévisé, le président français s'engage à demander aux Algériens de "déterminer eux-mêmes ce qu'ils entendent être en définitive". Il envisage, une fois le cessez-le-feu obtenu, trois options pour l'Algérie : la sécession totale, la francisation complète, "de Dunkerque à Tamanrasset", ou la constitution d'une Algérie gouvernée par les Algériens, mais "en union étroite avec la France". Pour les partisans de l'Algérie française, c'est une profonde déception. Une opposition de droite à la politique algérienne va bientôt se faire entendre et Georges Bidault, ancien président du Conseil, fonde le Rassemblement pour l'Algérie Française.  
1982 : Sous les yeux des forces d'occupation israéliennes au Liban, des membres des milices chrétiennes entreprennent le massacre de plus de 1000 Palestiniens des camps de réfugiés de Sabra et Chatila, à Beyrouth. Le geste serait une action de représailles en réponse à l'assassinat de Béchir Gemayel 2 jours plus tôt. Les victimes du massacre sont surtout des femmes, des enfants et des vieillards, la plupart des combattants palestiniens ayant été évacués de Beyrouth-Ouest. L'opinion internationale condamne unanimement l'attitude israélienne. En Israël même, des milliers de manifestants réclament le retrait immédiat du gouvernement Begin.

e me pose un moment.
Je récapitule. C't après-midi Mon apprenti me téléphone avec son portable. Il était avec la moissonneuse, il allait pour me faire les maïs et il trouve une boite bleue en plein milieu, dans le champ.
— Avec une bite dedans !
— Allons voir !
J'avance. Les épis sont hauts, il fait plein soleil, gros cagnard. J'écrase mon chapeau de paille sur mon crâne lisse.
J'y ai pas touché.
Je vois la boite. Une caisse en plastique bleue. Genre une glacière. J'ouvre. Bien sûr, dedans.... je ne vous fais pas de dessin.
Merde !

Okay...
— Elle est comment cette... bite ? Me demande Emma.
— Normal, une bonne taille je dirais. Je sais pas trop comment décrire c't outils là !
La jeune femme n'ose pas ouvrir la boite. Je pense qu'elle a peur de voir l'engin. Pis elle vise le ciel comme pour chercher le bon Dieu.
Il n'y a pas de sang. Il a été coupé à la base. Il y a aussi...
Je mime des couilles. Elle comprend très vite. Veut pas en savoir plus, la prude.
Emma cherche son chef qui téléphone aux flics de la brigade criminelle. Il est loin, il lui a demandé de prendre ma déposition.
Vous n'avez rien d'autre ?
— D'autre ?
— Un corps, des témoins dans vot' champ ?
— Nan, je lui fais. Je me tourne vers l'apprenti qui a le regard vissé sur la boite bleue. Je le bouscule.
— Quoi ? Il sursaute
— Emma te demande si tu as vu d'autres trucs ? Des gens ?
— Nan ! Bredouille le nigaud.
Emma ferme son calepin. Vise la boite bleue. C'est pas banal !

***

La journée aurait pu se finir comme cela ! Les condés partent, me disent qu'ils me tiendront au courant. Je dis à l'arpette : rentre chez toi ! Et puis basta.
Mais c'est sans compter le soir même. J'étais tranquille avec Môman devant la télé. France 3, Questions pour un champion !
V'là qu'on toque à la porte. Môman se lève puis braille : c'est pour toi Gaston ! Je me décoince les lombaires, je me dévisse mon cul du fauteuil et je me retrouve devant un drôle de gars.
— Je cherche un homme !
Le type, costume sombre, air sombre, lunettes noires m'inspire pas une confiance du diable.
— Un homme ?
Il sort un téléphone, cherche dedans et me sort une photo d'une tronche. Un chinois.
— Jamais vu !
— Regardez bien !
— Jamais vu je vous dis !
Le gars grogne.
— C'est qui ? Que je lui demande pas farouche.
— Sunny. Il s'appelle
— Jamais vu de Sunny, il fait quoi dans la vie ?
— Livreur.
— Pas vu de livreur non plus.
Le gars grogne encore. Je dois lui faire perdre son temps. Il sort alors une carte de visite de sa poche.
— Si vous le voyez, vous me téléphonez.
Je louche sur la drôle de carte, il n'y a ni nom ni adresse, juste un numéro. On peut pas le louper !
— Z'êtes qui ?
— J'assure le service quand les livreurs ne font pas leur boulot.
J'en demande pas plus, je sens bien que le gars n'est pas bavard. Il se tire. Je claque la porte. Question pour un champion vient de se finir.

***

La journée aurait pu se terminer là, mais non ! Au moment de se coucher, je pose le dentier dans le verre, Môman qui gueule : « Gaston ! »
Je venais tout juste de prendre un viagra. Le samedi avec Môman....
Bref, je passe un pantalon, un peu énervé le Gaston et j'enfile un maillot de corps. Un autre gars est à la porte. C'est un défilé.
Mais là, je reconnais le gars, le chinois : Sunny !
— Je cherche quelque chose... qu'il baragouine.

***

Emma est arrivée. Emma, c'est la gendarmette, mais c'est aussi la fille de Lucien, le voisin. Je connais la mignonnette depuis sa naissance.
Évidement avec c'te tambouille, Môman est montée se coucher.
Moi, j'ai une gaule de tous les diables avec mon Viagra.
Sunny, le livreur chinois cause à la petite en civile qui vient de s’asseoir devant un bon petit remontant maison. Une goutte maison.
Je m'en sers un verre histoire de baisser la pression. La gamin elle avale direct. Elle a bien besoin de cela !
La glacière appartient à Sunny, je lance en désignant le chinois.
Pas vraiment, fait le gars embarrassé en baissant le nez, confus.
Emma semble un peu étonnée :
— Vous vous trimbalez souvent avec des... enfin... une...
Elle ne dit pas le mot. C'est péché. Emma est à moitié bigote.
— Je devais attendre un client.
— En plein milieu d'un champ ?
— C'était là, il sort son téléphone avec les coordonnées GPS.
— Et alors ?
— Mon client n'est pas venu. Puis j'ai pris peur j'ai entendu un bruit assourdissant, j'ai cru qu'on m'attaquait... Genre des dragons !
— Un bruit de quoi ?
— Une machine qui arrivait à toute vitesse, fumant de la poussière, le vent s'est levé d'un coup. Je me suis enfui.
Je farfouille un moment et je percute enfin :
— La moissonneuse batteuse !
Silence. Air con du chinois. Puis il reprend, Sunny se met à baliser :
— Si je ne livre pas ! Je vais me faire zigouiller !
Le gars en noir.... je cogite à voix haute
— Il va me tuer !
Je commence à recoller les morceaux.
Emma, elle reste dans son rôle de poulet.
— C'est qui votre client ?
— Je sais pas. Un gars, je suppose.
— Pour une bite ? Je m'étonne. Je vois pas trop ce qu'un homme pourrait faire d'une bite !
Re silence.
Là, c'est moi qui passe pour un con.
— Une greffe ! lance Emma en soupirant.
— Merde alors ! La greffe de la bite !
Faut dire, sur ce coup-là, j'y avais pas pensé. Mais maintenant qu'elle le dit : une glacière, une queue dedans... une greffe. Cela tombe sous le sens.
Il a de la jugeote la cht'iote !
— Comment votre client vous a contacté ?
— J'avais un numéro.
Sunny pose son téléphone et nous montre un texto.

Emma a tout de suite reconnu le numéro de téléphone. Elle se met alors à rire. Puis m'explique le fin mot de not' histoire.
Le brigadier-chef, son patron... Un accident de jeunesse, mauvaise chute : couic !... Un poulet ? Non : Un chapon ! Châtré le Poulet. Tendre à souhait.

J'ai avancé à quatre pattes, tout doucement, en sueur, ma robe déchirée et mes jambes griffées par les ronces quand j'avais dévalé de la route.
Arrivée à la sortie, j'ai regardé avec précaution, me cachant derrière les buissons et les hautes herbes. Je suis parvenue jusqu'à la route, en rampant. Il n'y avait personne. Aucune voiture. Le soir tombait. J'ai marché un moment, me jetant dans le fossé quand j'apercevais des phares au loin. Je ne savais plus où j'étais ni de quel côté je devais aller. J'ai marché. Je n'osais pas faire signe à un automobiliste. Dans la nuit je ne voyais que des phares et j'avais peur de tomber sur lui.
Au bout d'un moment, d'un long moment, j'ai vu des lumières. Je n'en pouvais plus, j'avais soif. Une station-service. J'ai fait le tour des voitures, essayant d'en ouvrir une pour m'y glisser. Elles étaient toutes fermées, sauf une. Je me suis assise. Je comptais expliquer à son propriétaire ce qui m'arrivait, que j'étais poursuivie par un fou, un tueur, un sadique et puis j'ai pensé qu'il pouvait me chercher et m'apercevoir par la vitre, alors j'ai glissé du siège et je me suis tassée sur le plancher.
On a ouvert la portière. Un homme s'est assis.

— C'est bien un sandwich poulet mayonnaise et un coca que tu m'as demandés ?
— ...
— Qu'est-ce que tu fous là Lisou ? Qu'est-ce que tu fous à quatre pattes par terre ?
— ...
— Mais assieds-toi bon sang, qu'est-ce que c'est que ce cirque ?
Je me suis assise et j'ai pris le sandwich. C'était bon. J'ai bu aussi. Et puis je lui ai dit :
— Je me racontais une histoire en t'attendant.
— Franchement, par moments, je me demande si tu n'es pas cinglée, il m'a répondu.

Puis il a démarré et nous avons continué notre voyage sur la route des vacances.
J'aime bien me raconter des histoires, ça passe le temps.

Ducré laissait dire : son lieutenant cherchait tout comme lui à fuir l'horreur du spectacle, sans succès à voir le tremblement convulsif de sa cigarette. Comble du cynisme l'assassin avait appuyé la tête de la victime contre un « LOVE » délicatement tagué sur le béton, juste au dessous d'un mystérieux « Anaisthêsia et saturne sont morts » bombé en rouge vif : surréaliste.
— Ton avis capitaine ?
C'était Ruchon, le légiste. Ducré profita de la diversion pour s'arracher à la vision abominable et l'entraîna à l'écart :
— Jamais vu un truc aussi horrible. Un taré...
— Ou un règlement de compte : le « ZULU » sonne comme une punition. On sait qui c'est ?
— Non. Et vu ce qu'il en reste ce ne sera pas facile.
— Sûr... pas de traces de coups, il était bien vivant quand on l'a écaillé. Ah, voilà la scientifique... dès qu'ils ont fini je l'emmène au labo.

La machine policière s'était mise en route. Ruchon d'abord, dont le rapport avait glacé les enquêteurs : le légiste était formel, le supplice avait duré plusieurs jours. On avait arraché la peau centimètre par centimètre avec un scalpel et « ZULU » avait été tatoué à l'aide d'une lame chauffée au rouge. La victime était jeune, en pleine santé, il avait très bien pu rester en vie soixante douze heures avant de mourir, asphyxié.
On l'avait identifié au bout d'une semaine grâce à ses dents : Samuel Bourion, trente trois ans, un agent immobilier célibataire vivant en solitaire dans un appartement du centre ville. Inconnu au bataillon.
Mais c'est la scientifique qui avait apporté l'info la plus imprévue : la phrase étrange taguée au dessus du corps avait été écrite après la dépose du cadavre : « Anaisthêsia et saturne sont morts » avait donc un rapport avec le crime. Le premier indice.
Ducré avait aussitôt ciblé ses recherches, fouillant tous les moteurs de recherche. Google lui apprit que Anaishêsia désignait un polar d'Antoine Chainas. Non. Il devinait plutôt un prénom féminin, ambiance new-age. Idem pour le saturne, l'absence de majuscule suggérant un rang inférieur, un second rôle. Quant au ZULU on pouvait imaginer un rapport avec l'Afrique, ses sorciers, le vaudou... L'idée d'une cérémonie expiatoire faisait son chemin.
Le capitaine avait lancé son équipe sur les sectes, les sociétés secrètes, tous les allumés répertoriés dans le département. De son côté Fortin interrogeait les proches de Bourion : non, Samuel ne fréquentait pas de cercle ésotérique mais oui, il avait parfois des propos « bizarres ». Et il n'avait pas d'amis. Une copine ? Sans doute, mais personne ne l'avait jamais vue. Seul son dernier message sur Facebook pouvait surprendre : « pardon ».


24 avril... douze jours déjà depuis la découverte du corps et toujours aucune piste. Le téléphone sonnait sur le bureau de Ducré :
— Salut, c'est Ruchon. J'ai du nouveau...
Enfin ! L'analyse des tissus du cadavre révélait la présence d'une molécule inconnue, un dérivé du cannabis qui aurait pu être un antidouleur surpuissant.
Un antidouleur... pour rendre le supplice supportable... au cours d'un sacrifice rituel. Exit la piste du règlement de compte : on ne donne pas d'antalgique à quelqu'un qu'on a décidé de torturer.
Et puis Fortin avait appelé à son tour :
— J'ai retrouvé la petite amie de Bourion.
— Et ?
— Faut que vous veniez... c'est... spécial.
Le lieutenant semblait secoué, au point de zapper la moindre blague.

Le manoir surplombait la Loire, une bâtisse du dix neuvième magnifiquement rénovée. Un Fortin blafard l'attendait sur la terrasse, à ses côtés une petite quinqua rondouillarde grillait une cigarette, le regard vide :
— Marie Zourov... entrez capitaine.
Ducré passa le seuil et s'arrêta, stupéfait : au lieu du salon attendu il découvrait un authentique labo médical, un fouillis de machines ultra-modernes reliées à une table en inox recouverte d'un dôme translucide. Il s'approcha, pressentant la suite :
— C'est...
— Anastasia. Ma fille.
Malgré lui le flic avait regardé la civière : un corps décharné, sans vie, dont la peau s'écaillait par plaques comme une peinture brûlée.
La greffe n'a pas pris. Elle va mourir. Mais elle ne souffre pas.
Marie racontait sans aucune haine, comme étrangère au drame :
— Bourion était fou amoureux mais elle l'avait repoussé. Alors il a déjanté : un soir il est venu et l'a aspergée d'acide, dans la baignoire. Dix litres... Je suis pharmacienne et je testais un anti-douleur à base de cannabis, je lui ai administré une triple dose et ça a marché. Mais il fallait une greffe.
— Pourquoi n'est-elle pas à l'hôpital ?
— J'y travaille, aux grands brûlés. Ils n'auraient rien pu faire. Et puis Bourion m'a proposé...
— Sa peau ?
— Oui. Il était compatible.
Un long silence, ponctué par le souffle du respirateur et les grésillements des moniteurs. La petite femme s'était effondrée.
Restait pourtant une question :
— Et le tag ? Saturne ? ZULU ?
— Une idée à lui, pour égarer l'enquête... mais ça n'a plus d'importance. Elle leva les yeux vers Ducré : c'est moi qui ai appelé votre collègue.

Alors, le fils et sa femme montèrent une petite table dans le coin. C'est là que grand-père ira manger pendant que le reste de la famille sera à la grande table. De plus, puisque grand-père a cassé quelques assiettes, dorénavant il mangera dans un bol en bois. Lorsque la famille regardait dans le coin, quelques fois ils pouvaient voir une larme sur les joues de grand-père qui était assis tout seul. En dépit de cela, les seuls mots que le couple avait pour grand-père exprimaient la colère et les reproches lorsqu'il échappait une fourchette ou renversait sa nourriture par terre. Le jeune de quatre ans regardait tout cela en silence.
Un soir avant le souper, le père remarqua son fils qui jouait dans son atelier et il nota des copeaux de bois sur le plancher. Il demanda gentiment: "qu'est tu en train de fabriquer?"
Aussi gentiment le fils répondit: "Ah! je fais un bol en bois pour toi et maman pour manger lorsque je serai grand!"
Les parents furent tellement surpris par ces paroles qu'ils étaient incapables de parler. Et puis, quelques larmes coulèrent sur leurs joues. Ils ne disaient rien mais ils savaient quoi faire. Ce soir-là, le fils pris grand-père par la main et l'amena gentiment à la table familiale. Pour le reste de ces jours, il mangea ses repas avec la famille et le fils et sa femme ne se troublaient plus lorsque grand-père échappait une fourchette, renversait son lait ou salissait la nappe
Sarah Bay (Légende urbaine.)

“Dis-moi comment sont les gens de ton village. J’aimerais bien m’installer ici. Où j’étais avant, les gens sont méchants et médisants. C’est pourquoi je suis parti.
- Les gens sont les mêmes ici”, répond le sage. Et le pèlerin passe sa route.
Arrive un second pèlerin.
“Comment sont les gens de ton village ? demande-t-il à son tour au vieux sage.
- Comment étaient les gens que tu as côtoyés jusque-là ?
- Très gentils et serviables. J’ai eu de la peine à les quitter.
- Les gens sont les mêmes ici.”
Un jeune du village a assisté aux conversations.
“Je ne comprends pas, dit-il au sage, à l’un tu dis que les gens sont méchants, à l’autre qu’ils sont bons.”
Et le sage répond :
“Les gens sont comme nous les voyons !”

“Pour moi ce cheval n’est pas un animal, c’est un ami. Comment voulez-vous vendre un ami ?” demandait-il.
Un matin, il se rend à l’étable et le cheval n’est plus là.
Tous les villageois lui disent : “On te l’avait bien dit ! Tu aurais mieux de le vendre. Maintenant, on te l’a volée… quelle malchance !”
Le vieil homme répond “Chance, malchance, qui peut le dire ?”
Tout le monde se moque de lui. Mais 15 jours plus tard, le cheval revient, avec tous une horde de chevaux sauvages. Il s’était échappé, avait séduit une belle jument et rentrait avec le reste de la horde.
“Quelle chance !” disent les villageois.
Le vieil homme et son fils se mettent au dressage des chevaux sauvage. Mais une semaine plus tard, son fils se casse une jambe à l’entraînement.
“Quelle malchance !” disent ses amis. “Comment vas-tu faire, toi qui es déjà si pauvre, si ton fils, ton seul support, ne peut plus t’aider !”
Le vieil homme répond “Chance, malchance, qui peut le dire ?”
Quelque temps plus tard, l’armée du seigneur du pays arrive dans le village, et enrôle de force tous les jeunes gens disponibles. Tous… sauf le fils du vieil homme, qui a sa jambe cassée.
“Quelle chance tu as, tous nos enfants sont partis à la guerre, et toi tu es le seul à garder avec toi ton fils...
Chance ou malchance....

« Ce n'est pas l'enseignement libre, à proprement parler que nous combattons. C'est l'enseignement, la doctrine cléricale. En un mot, c'est que nous combattons c'est l'éternel ennemi… Il nous faut […] restituer à l'Etat, au nom de la vraie liberté, le monopole de l'éducation.»
1913 : première traversée aérienne de la Méditerranée.
L'aviateur français Roland Garros réussit la première traversée de la Méditerranée en reliant Saint-Raphaël dans le Var à Bizerte, au Nord de la Tunisie. Il parcourt les 730 kilomètres en 7 heures et 53 minutes, à bord d'un monoplan Morane-Saulnier.
1939 : Le père de la psychanalyse n'est plus. Sigmund Freud est mort à l'âge de 80 ans près de Londres, où le racisme hitlérien, après l'annexion de l'Autriche, l'avait amené à se réfugier. Neurologue et psychiatre, il a créé une méthode originale d'exploration de l'inconscient. Sigmond Freud a écrit de nombreux livres, dont L'interprétation des rêves, en 1900, et Introduction à la psychanalyse en 1916.
1990 : début de l'opération Daguet.
France lance l'opération Daguet et participe à la première guerre d'Irak. Avec 4000 hommes au début, les effectifs montent jusqu'à 12500 hommes, des chars, des hélicoptères et des avions de combat sont déployés en Arabie saoudite aux côtés des Américains.

“Ce n’est pas parce que je vais dire bonheur, bonheur, bonheur! que je vais me sentir mieux, ni parce que je dis malheur, malheur, malheur! que je me sentirai moins bien: ce ne sont que des mots, les mots sont en eux-mêmes sans pouvoir…”
L’orateur répond:
“Taisez-vous espèce d’idiot, vous êtes incapable de comprendre quoi que ce soit !”
Le participant est comme paralysé, il change de couleur et s’apprête à faire une repartie cinglante: “Vous, espèce de…”
L’orateur lève la main : “Je vous prie de m’excuser. Je ne voulais pas vous blesser. Je vous prie d’accepter mes excuses les plus humbles”
Le participant se calme.
L’assemblée murmure, il y a des mouvements dans la salle.
L’orateur reprend:
“Vous avez la réponse à la question que vous vous posiez : quelques mots ont déclenché chez vous une grande colère. D’autres mots vous ont calmé. Comprenez-vous mieux le pouvoir des mots ?”