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« Toute résistance est futile » (Edouard Philippe, 3 janvier 2020)

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« Toute résistance est futile » (Edouard Philippe, 3 janvier 2020) Empty « Toute résistance est futile » (Edouard Philippe, 3 janvier 2020)

Message par Opaline Ven 10 Jan 2020 - 20:32

Nous vivons une époque formidable : dans n’importe quelle direction que l’on regarde, se fait jour la nécessité de « réformer ». Il semblerait que nos prédécesseurs ayant peuplé cette planète n’étaient qu’un ramassis de crétins et d’arriérés. Rendez-vous compte : ils n’ont pensé à rien ! Tout ce qu’ils ont mis en place, décrété, interprété, vécu est marqué du sceau de l’infâme qui se nomme « immobilisme ». Heureusement en 2017, le peuple français, dans son immense sagacité, a porté au pouvoir M. Macron dont l’unique raison d’être est de tout réformer pour le bien collectif, naturellement.

 Ce saint homme a ainsi dilapidé près de 2,6 millions d’euros âprement gagnés (alors qu’il était banquier d’affaires), certainement en œuvre caritatives, très probablement à l’étranger, car il ne les a jamais déclarées aux impôts, ni plus généralement utilisées en France. C’est donc ce Thomas d’Aquin moderne - co-auteur avec cet autre philanthrope qu’est Jacques Attali du fameux rapport qui porte son nom et qui entend « libérer la croissance française » (d’où certainement les allusions permanentes au « CNR ») - qui s’est donc auto-attribué le sacerdoce de rendre la France plus « juste », « égalitaire », « écologique » et plus généralement la parer de tous termes qui relèvent de la sémantique progressiste selon le parler moderne.

 Aucun sujet n’échappe à sa sainte vindicte révolutionnaire. Dans le domaine du droit du travail, il a donc mis en place la « flexi-sécurité » : flexibilité absolue pour les salariés qui sont priés d’être « taillables et corvéables à merci » sans quoi le saint courroux du chômage leur est réservé à titre de pénitence (et gare aux relapses) ; et sécurité pour le bénéfice des sociétés (grâce aux cadeaux fiscaux type CICE) et dont on attend que cette obole, comme les deniers du culte ou les indulgences, agrémentée de quelques prières, fera revenir la « croissance », comme on attend le retour du Messie. Pour l’heure, seul le haut clergé a vu la Lumière de l’or qui brille, car le petit peuple, ce tiers Etat moderne, attend toujours que la pluie bénéfique de l’emploi revienne.

 Dans le même temps, et toujours pour libérer la croissance (prisonnière dont ne quel diable tour-menteur), seuls les propriétaires riches devront s’acquitter de l’impôt sur la richesse, on exonère ceux qui peuvent « investir » dans les entreprises qui envoient leur production se faire au Bengladesh lorsque le taux de la sainte croissance de rente n’atteint pas deux chiffres. Cette pénitence imposée à ceux qui ont encore un toit en France est le chemin de leur rédemption sur la voie du bonheur capitaliste.

 Qu’une jacquerie advienne et voici que notre Saint François d’Assise se rapproche de ses ouailles, se met en route sur son chemin de Damas, comme Paul, et revient de sa longue pérégrination convaincu par le fait qu’il faut se débarrasser de ces pouilleux et autre galeux qui ne sont riens. On lui parle démocratie et dignité, il jette quelques piécettes et demande qu’on ne l’incommode plus avec cela. Pour faire bonne mesure, ce grand ami du genre humain envoie la troupe contre le peuple comme le dernier des versaillais, et lui donne licence pour énucléer, frapper, détruire tout ce qui résisterait à sa mirobolante générosité.

 Fort de son fait, le voici qui nous explique que le régime des retraites n’est plus digne de nous et que nous n’avons rien compris. C’est en rabotant l’ensemble des pensions, en égalisant les régimes dans un geste qui rappelle la parole de Périandre selon quoi il faut dépasser les blés qui dépassent, que nous atteindrons à la félicité d’être égaux. Nous dépensons trop, nous revenons trop cher, nous sommes des égoïstes : toujours à regarder la paille dans l’œil du voisin quand nous ne voyons pas la poutre qui est dans le nôtre. Saint Homme que celui qui nous rappelle sans cesse à nos devoirs ! Si nous sommes en grève, c’est que nous n’avons rien compris : seules les souffrances qui nous sont infligées nous laverons de l’affront d’être né et de profiter des autres ; nous sommes des parasites qui vivons au dépend de ceux qui créent la richesse, de ces valeureux combattants, de ces aventuriers modernes que l’on nomment « patron », « chef d’entreprises », « CEO » (quand on est à la mode). Il n’est que de voir la bravoure et l’audace dont a fait preuve l’apatride à triple nationalité Carlos (qui, par amour de la patrie, ne s’exprime qu’en anglais), et n’a pas hésité à s’échapper de l’infâme traquenard que lui tendait la justice de l’un des pays les plus civilisé du monde, au motif qu’il aurait volé et qu’on entendait le traiter comme le vulgaire gredin qu’il est. Non, quand on vole avec la classe d’un Carlos, on est digne des romans de Maurice Leblanc, on n’est pas traité comme un mendiant qui fait main basse sur un morceau de pain : on vous doit du respect, il faut des égards, on doit vous comprendre et mesurer votre apport essentiel, que dis-je déterminant, au bonheur humain eussiez-vous détourné des dizaines de millions d’euros et laissé sur le carreau et dans la misère des dizaines de milliers de travailleurs. Voilà vers qui doivent tendre tous nos efforts, tous nos suffrages, tous nos vœux. Tâchons, à force de nous amender, de devenir un loup pour notre prochain, ne voyons que notre intérêt personnel, soyons égoïste et détruisons-en nous ce sentiment d’humanité pour notre prochain qui nous fait, non pas envier leur sort, mais tendre la main à l’Autre. De telle sorte que nous ferons le bonheur commun selon le sophisme de Mandeville qui veut que les vices privés fassent le bonheur public. C’est là notre chemin et plutôt que de nous appesantir sur les rêves utopistes de la fraternité et de « socialisme », soyons « réalistes » comme disait Daladier après l’accord de Munich. Nous ne sommes quand même pas dans le monde des « bisounours » comme nous le dit avec beaucoup d’affection le Premier Ministre, homme d’immense culture qui lit au lit.

 Continuons donc à vivre égoïstement, ne nous rebellons surtout pas contre ce monde-machine qui nous détruit et nous broie, soyons ce qu’on attend de nous : des spécialistes. Mesurons sans fin la taille du doigt quand on nous montre la lune. Surtout ne nous posons pas de question et ne mettons pas en relation l’ensemble des mesures pour en tirer une conclusion générale : c’est le premier pas vers le Diable complotiste qui nécessitera d’écouter Antoine Krempf et de réciter la Vérité selon les décodeurs pendant une neuvaine. Si on vous dit que cette réforme ouvre une voie béante aux retraites par capitalisation, répondez, pragmatiquement et fermement que « ce n’est pas écrit dans la loi : fin de la discussion ! » ; c’est à ce prix que nous serons bons et irons au Paradis en décrochant le graal et le bonheur absolus qui est de posséder un iphone pour commenter les séries Netflix que nous regardons sur un écran connecté de deux mètres cinquante.
 beati pauperes in spiritu


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