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En Italie, les «sardines» défient Salvini et les populistes

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En Italie, les «sardines» défient Salvini et les populistes  Empty En Italie, les «sardines» défient Salvini et les populistes

Message par Opaline Ven 6 Déc 2019 - 18:37

En Italie, les «sardines» défient Salvini et les populistes  Captur10

Palerme (Italie), de notre correspondante.– La première vague a surpris. Comme une bourrasque qui soulève la mer alors que l’hiver est plutôt calme. Au pied du Palais du Podestat, une foule compacte piétine les pavés. Sur la Piazza Maggiore, la plus grande place de Bologne, ils sont près de 15 000. Des Italiens de tous âges, serrés, « comme des sardines », pour protester contre le lancement de la campagne de Lucia Borgonzoni, la candidate de la Ligue, le parti xénophobe de Matteo Salvini, en vue des élections régionales de janvier 2020. C’était le 14 novembre dernier. « Chers populistes, vous l’avez compris. La fête est finie », annoncent les organisateurs dans un manifeste des « 6 000 sardines », publié dans la foulée.

Depuis, des dizaines de milliers de personnes les ont rejoints, brandissant à chaque nouvelle manifestation des dessins de sardines. C’est la deuxième vague, celle qui fait comprendre que le vent s’est levé. À Modène, d’abord puis dans d’autres villes d’Émilie-Romagne, l’un des bastions historiques de la gauche italienne, où la Ligue rêve de renouveler son exploit du mois dernier : avoir fait entrer dans son giron l’Ombrie, une région du centre du pays, à gauche depuis plus de cinquante ans, lors des dernières élections régionales.

Aujourd’hui, tous attendent le 14 décembre, un mois jour pour jour après le rassemblement de Bologne, où une vague de 100 000 « sardines » cette fois est attendue dans les rues de Rome mais aussi à Paris, Madrid, Berlin, Dublin et même San Francisco. D’ici là, une vingtaine d’autres mobilisations sont prévues presque tous les jours, du nord au sud du pays.

« Nous avons appris à faire le bon vieux travail de Salvini : remplir les places assez facilement », se réjouit Mattia Santori, l’un des trentenaires à l’origine de la contestation. Invité sur tous les plateaux de télévision, ce chercheur dans le domaine de l’énergie détaille avec une aisance surprenante ce qui se cache derrière cet événement, lancé sur Facebook avec ses trois amis : Roberto Morotti, un ingénieur de 31 ans, Giulia Trappolini, une kinésithérapeute de 30 ans et Andrea Garreffa, guide touristique, 30 ans tout juste lui aussi. À l’origine, il s’agissait « juste de réunir au moins une personne de plus » que les sympathisants de la Ligue, réunis au PalaDozza, une arène sportive de la ville qui peut accueillir jusque 5 570 personnes. L’invitation sur Facebook était claire : « Aucun drapeau, aucun parti, aucune insulte ».

Car ces dernières semaines en Italie, plusieurs incidents ont ravivé le spectre d’une extrême droite dont la violence verbale est parvenue à infuser au plus profond de la société. À Rome, le café-librairie antifasciste La Pecora elettrica a annoncé sa fermeture définitive après deux incendies en moins de six mois. Le député démocrate Matteo Orfini a dénoncé « l’extrême droite et la criminalité organisée qui souvent, à Rome, marchent bras dessus, bras dessous, en attaquant les lieux de culture et de liberté ».

Si l’enquête de police n’a pas encore rendu ses conclusions, nombreux sont ceux, dans le paysage politique, à pointer la responsabilité des sympathisants d’extrême droite. La façade de la librairie, noircie par les flammes, est devenue le symbole d’une culture antifasciste attaquée de toutes parts. Le coup de massue est arrivé le lendemain de la nuit de l’incendie. Liliana Segre, l’une des victimes italiennes de la Shoah, a été placée sous protection policière, sur ordre du préfet de Milan, en raison de l’aggravation des menaces qu’elle a reçues. À 89 ans, la sénatrice à vie venait de présenter une motion pour créer une commission extraordinaire pour lutter contre l’intolérance, l’antisémitisme et les appels à la haine. Sans enthousiasme aucun, le texte a été voté avec 151 voix pour et l’abstention, notable, de 98 sénateurs des partis d’extrême droite La Ligue et Frères d’Italie, mais aussi de la droite modérée de Forza Italia, parti historique de Silvio Berlusconi.

Dans ce contexte, le symbole de la sardine n’a rien d’anodin : un petit poisson, silencieux, face aux cris des sympathisants de Salvini et des gros poissons de la politique. « Les gens restent perplexes en voyant toutes ces tensions et je n’avais jamais vu de ma vie une grande manifestation qui appelle à des tons plus civilisés. Cela veut dire que la dureté du débat, indépendamment de son contenu, commence à fatiguer », a commenté l’ancien président du Conseil Romano Prodi. Même Matteo Salvini, qui organise une contre-manifestation le 14 décembre et dans un premier temps plutôt méprisant envers les « sardines », a préféré changer de registre, non sans ironie : « Le mouvement des sardines ? Ils me remplissent de joie et j’espère qu’ils seront partout. Tous les jeunes qui s’informent, que ce soit avec ou contre la Ligue, font quelque chose d’utile pour le pays. »

L’engouement suscité par les sardines en fait aujourd’hui le rassemblement citoyen le plus scruté du pays. Mattia Santori aspire à le transformer en « anticorps permanent du salvinisme ». « On ne rejette la faute sur personne, ni sur le Parti démocrate, ni sur la gauche, parce que tout ça, c’est de notre faute. Notre message est positif, nous voulions toucher les gens en plein cœur et leur dire : “Toi qui te plains et ne fais rien, qu’est-ce que tu as fait pour arrêter tout ça ?” », a répondu le jeune homme à un journaliste du Resto del Carlino, un quotidien local, qui lui demandait s’il pensait avoir rempli un espace laissé vide par la gauche italienne. Conscients, pour autant, des espoirs qu’ils créent, les organisateurs des mobilisations des sardines à travers l’Italie se réuniront à Rome le 15 décembre, au lendemain de la grande manifestation. « Ce sera le moment de comprendre comment continuer, explique l’un des fondateurs bolognais Andrea Garreffa, mais n’appelez pas ça un congrès car il n’y a rien de plus éloigné de ce qu’on a en tête. »

« De la synthèse de toutes les places […] nous identifierons quatre, cinq ou six points, sur lesquels nous demanderons aux politiques de travailler : il est clair que soit nous fondons un parti, soit nous présentons nos instances à ceux qui font déjà de la politique, que ce soit le PD, le Mouvement Cinq Étoiles ou la droite modérée », a précisé de son côté Mattia Santori, conscient que les sardines « couvrent un vide de représentativité politique ». « Ils ne nient aucunement le lien avec la politique, ils ne sont pas antipolitiques mais demandent à la politique avec un grand “P” d’élaborer des contenus sur lesquels pouvoir se confronter, dans une sorte de division des rôles au sein desquels la mobilisation et la participation deviennent lobjet de places informelles, virtuelles et réelles, alors que la construction de programmes et de perspectives définies appartient à la capacité d’analyse et de proposition de partis ouverts qui se sont renouvelés et réformés, avec une nouvelle idée du militantisme, plus exigeante et en même temps plus libre », analyse Alessandro Volpi, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Pise dans une tribune intitulée « La mer ouverte des sardines contre l’idée de l’homme fort ».

Mediapart


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